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La planification en pratique

La planification en pratique
Réunion communautaire
© London School of Hygiene & Tropical Medicine CC BY-NC-SA

Dans cette étape, nous posons des questions à Edson Eliah, directeur adjoint du Kilimanjaro Centre for Community Ophtalmology (KCCO), basé en Tanzanie. Il a pris part à la planification et à l’encadrement du développement de plusieurs projets majeurs en Afrique, mais les questions qui lui sont posées s’attachent surtout à ce qui a été fait à Madagascar.

photo of Edson Eliah, Deputy Director of KCCO.

DAKSHA PATEL : Bonjour Edson, pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?

EDSON ELIAH : Bonjour à tous, je m’appelle Edson Eliah. Je travaille au Kilimanjaro Centre for Community Ophthalmology en Tanzanie, et au cours des 10 dernières années j’ai participé à la planification de programmes VISION 2020 dans différents pays d’Afrique.

DAKSHA : Très bien, merci. Vous avez été impliqué dans la planification et l’encadrement du développement de plusieurs projets importants en Afrique. Pourriez-vous rapidement nous faire part de votre expérience à Madagascar, notamment en ce qui concerne l’établissement de partenariats ?

EDSON : Il est extrêmement important pour nous d’avoir un partenaire local, car nous intervenons en tant qu’appui externe. Tout d’abord, avant de commencer notre travail, nous avons recueilli des informations sur la zone d’intervention qui nous intéressait (la région Atsinanana), là où nous comptions mettre en place le programme. Nous avons commencé par la collecte de renseignements au niveau de la population locale et à l’hôpital.

Au niveau de l’hôpital, nous avons déterminé s’il existait ou non une volonté réelle de proposer des services à la communauté au sens large, et nous nous sommes renseignés sur ce qui était déjà en place en termes d’infrastructure et de soins proposés.

Au niveau de la population, il était indispensable de connaître les maladies oculaires les plus courantes et leur prévalence. De connaître également le point de vue de la population, notamment comment elle perçoit les maladies.

DAKSHA : Quel a été le panel d’intervenants que vous avez sélectionnés, et pourquoi ?

EDSON : Un autre bon conseil à retenir, c’est de chercher à comprendre qui sont les autres prestataires de soins oculaires dans la zone (partenaires potentiels). Dans chaque région il y a des prestataires de soins oculaires. Nous avons besoin de savoir ce qu’ils font, ce qui les intéresse, quelles sont les ressources dont ils disposent, et à quelles maladies spécifiques ils essaient de s’attaquer.

Il est primordial de bien identifier tous les intervenants potentiels. Nous avons établi des partenariats avec des prestataires de soins oculaires, des ONG, et il est également très important d’impliquer les leaders de la communauté.

Dans notre projet à Madagascar, nous avions donc un réseau déjà en place, une configuration établie de longue date à l’hôpital. Une ONG, « Lions Sight First Madagascar », était également déjà impliquée. Nous sommes aussi allés consulter les chefs de la communauté pour obtenir leur consentement et leur soutien.

DAKSHA : Comment avez-vous procédé et qu’avez-vous trouvé à Madagascar ?

EDSON : Avec les autres intervenants, nous avons réalisé une analyse de situation : nous avons étudié la disponibilité des ressources humaines, l’infrastructure, les équipements en place, le volume actuel de soins oculaires. Nous avons également examiné la structure de direction et le système de collecte et de gestion des données. À Madagascar, tout cela faisait défaut.

Pour aller de l’avant, l’un des principaux objectifs fixés par les intervenants a été de former et de recruter un directeur capable de coordonner le programme. Cela a permis au personnel clinique de se recentrer sur la prestation des soins. Nous avons approché une ONG pour obtenir l’équipement approprié.

La force de notre planification, ça a été la façon dont toutes les parties prenantes se sont investies. Il faut les impliquer, pour définir un budget et s’entendre sur ce qui doit être entrepris. Pour réaliser cela concrètement, nous avons réuni les partenaires pendant deux jours et nous nous sommes mis d’accord sur le travail à mener. Grâce à cela, nous avons tous pu commencer à travailler selon une vision commune pour la région.

Cette étape de planification doit prendre en compte les besoins hospitaliers, mais également relever les défis au niveau de la population, par exemple pour ce qui est de l’accès aux services de soins oculaires.

Si vous ne faites pas appel à toutes les parties concernées, il risque d’y avoir des problèmes, et le programme a des chances, de très fortes chances même, d’échouer, car les personnes ne seront pas impliquées de façon adéquate.

DAKSHA : Donc pour résumer, quels sont les 3 messages importants dont vous aimeriez faire part à tous ceux qui cherchent à améliorer un service de soins oculaires dans un contexte local ?

EDSON : Au regard de notre expérience à Madagascar, ces 3 messages importants sont les suivants :

  1. Prenez le temps de faire connaissance et d’interagir avec les parties concernées (que ce soit les professionnels ou les membres de la société civile), afin d’unir les efforts, de mettre en commun les ressources et les compétences, d’éviter les dédoublements et de faire en sorte de pouvoir avancer ensemble en équipe. De cette façon, il n’y aura pas de confusion pour les patients, par exemple concernant la tarification.
  2. Il est essentiel de prévoir dans votre plan suffisamment de ressources humaines dûment formées pour assurer la prestation de soins oculaires. Tous les ophtalmologistes devraient être associés à 4 personnels clés de niveau intermédiaire (comprenant un optométriste et du personnel infirmier). Le personnel hospitalier doit entretenir des liens avec les auxiliaires au niveau de la communauté. Il faut un directeur pour coordonner toutes les activités. En Afrique, dans la plupart des cas, nous n’avons pas assez de personnel spécialisé en ophtalmologie ou de professionnels des soins oculaires. Par conséquent vous mettriez vos ressources humaines à bien mauvais profit si vous recrutiez un ou plusieurs cliniciens pour leur faire ensuite exécuter des tâches administratives.
  3. Nous avons constaté qu’il ne faut pas essayer d’intensifier la prestation de services auprès des populations sans avoir mis un plan en place au préalable. Ceci parce que vous allez rencontrer de nombreux défis auxquels vous n’aviez pas pensé. Ne jamais intensifier les services sans avoir de plan. La planification va permettre de s’assurer qu’il y a une correspondance claire entre la capacité de l’hôpital et la capacité à étendre les services. Voilà les choses que nous avons faites à Madagascar, et ce programme a déjà réussi à tripler le nombre de patients vus en consultation, rien qu’au cours des deux premières années. Maintenant le programme est en place depuis près de cinq ans.

DAKSHA : Merci Edson !

En résumé : Changements apportés aux soins ophtalmologiques dans la région Atsinanana de Madagascar

L’analyse de la situation – où nous en étions Le présent – où nous en sommes maintenant
Ressources humaines : 2 ophtalmologistes, 3 infirmières, 1 optométriste, pas de directeur, pas de technicien responsable des instruments. Un directeur a été embauché et un technicien responsable des instruments/équipements a été formé.
Parties prenantes : Le ministère de la Santé et du bien-être social, une organisation non gouvernementale (ONG), la communauté, des praticiens privés ne travaillant pas nécessairement avec des objectifs et stratégies communs Partenaire d’entreprise et groupe de travail VISION 2020 en place pour coordonner les activités et les parties prenantes et travailler à atteindre les objectifs et stratégies convenus
Infrastructure : Incomplète avec beaucoup d’équipement et d’instruments manquants Bien équipée avec tous les équipements nécessaires à un ophtalmologiste
Liens avec la communauté : Patients acceptés sur place uniquement Patients acceptés sur place et activités de stratégie avancée dans les communautés une fois par semaine
Volume d’opérations de la cataracte : Taux de chirurgie de la cataracte (TCC) = 348 TCC = 560. Le nombre de patients tous problèmes oculaires confondus a triplé en 2 ans

Comment les soins oculaires sont-ils gérés et coordonnés dans votre contexte local ou selon votre propre expérience ?

© London School of Hygiene & Tropical Medicine CC BY-NC-SA
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La Cécité dans le Monde: Planifier et Gérer les Services de Soins Oculaires

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